Valeurs
Les valeurs fondamentales de la prévention
La prévention des exclusions et des tensions sociales dans l’animation s’appuie sur des valeurs fondamentales. La notion de participation active des habitant·es des quartiers et communes à tout projet de la FASe est centrale.
Les équipes d’animation en centres et hors murs de la FASe développent sur tout le canton des actions à plusieurs niveaux en faveur de la qualité de vie. Dans certains cas, des projets visent spécifiquement une population ou une thématique.
Tous les projets qui visent explicitement à faire de la prévention respectent la Charte cantonale des centres de même que le Référentiel opérationnel du travail social hors murs.
La prévention se développe en concordance avec les valeurs de la FASe.
Ces valeurs sont notamment:
- La libre adhésion
- La participation
- La valorisation du sens critique
- L’accès à la culture
- L’égalité des chances
- La confiance
- La bienveillance
- La valorisation
Analyses des valeurs
Les expériences relationnelles sont fondées sur des valeurs sous-jacentes. D’où l’importance pour la FASe de définir clairement les valeurs qui sous-tendent le cadre qui est proposé dans ses lieux.
Les interventions en prévention des équipes d’animation nécessitent un aller et retour permanent entre l’action qu’elles mettent en œuvre et l’expérience vécue par les participant·es.
Posture générale
Les équipes de travail social de la FASe sont attentives à leur posture vis-à-vis du public. L’absence de jugement et une certaine humilité font partie de ce bagage.
La posture professionnelle de base dans l’animation est l’absence de jugement. L’animation socioculturelle récuse la notion d’une prévention moralisatrice.
La libre adhésion implique que la personne ou le groupe soient amenés à prendre conscience des situations dans lesquelles ils se trouvent. Les individus, groupes et communautés participent à l’élaboration de facteurs de protection et à la gestion des risques.
Les fondements de la posture en animation sont:
- Le sens de l’accueil
- La sincérité
- Le dialogue
- L’empathie
Une posture humble
L’animateur, l’animatrice, le travailleur social hors murs ou la monitrice vise une posture humble et humaine. Chacun·e évite de se protéger derrière un statut professionnel et social. Les équipes d’animation entretiennent avec les habitantes et habitants de leur quartier ou de leur commune un lien relationnel construit sur la base de la franchise et de l’authenticité.
Collectif et individu
L’animation socioculturelle développe ses missions de prévention à travers un travail basé sur le collectif. L’attention aux situations individuelles nourrit cette action.
L’approche collective et individuelle dans la prévention
Historiquement, le travail d’animation est marqué par une approche collective des situations. Mais l’attention aux difficultés vécues par des individus fait intégralement partie de l’action. La personne est abordée dans son contexte collectif et considérée comme actrice.
L’animateur socioculturel navigue entre plusieurs niveaux. Il est attentif à des attitudes ou à des discours individuels – ou exprimés en groupe – qui montrent un besoin de dialogue. Il favorise l’éclosion de discussions. L’observation de ces deux niveaux permet une prise en compte globale des problèmes, des enjeux et des solutions à envisager.
Le contact avec l’individu
Le fait de bien connaître une personne dans son milieu de vie à travers une relation empreinte de confiance est un vecteur facilitateur pour une prévention efficace. Celle-ci soutient l’individu et la qualité de son environnement. Ce travail se déroule notamment dans les périodes d’accueil libre, qui peuvent avoir lieu plusieurs fois par semaine.
L’animateur a un impact au niveau individuel. Il aborde des questions liées à des comportements à risques ou à des problématiques qu’une personne rencontre. En l’écoutant, en l’informant, le travailleur social renforce les compétences sociales de l’individu.
Le travail au niveau d’un groupe
Les ressources apportées par le groupe sont très importantes dans la construction de démarches préventives. L’animation socioculturelle s’adresse à des groupes, des communautés. Elle leur apporte des informations et les sensibilise sur des problématiques particulières.
La mise à disposition d’espaces de parole, l’animation de groupes autour de problématiques spécifiques, facilitent et permettent un renforcement des compétences du groupe, des communautés et de l’individu.
Libre adhésion
Proposer plutôt que forcer. C’est l’une des règles de base du travail de l’animation socioculturelle.
La libre adhésion est au cœur de la construction de l’animation socioculturelle. Celle-ci s’adresse à un public qui fait le choix de venir ou de participer aux activités proposées dans le cadre de la FASe.
Toutes les actions développées se déroulent dans une dynamique de libre adhésion. Le travail auprès des enfants, des jeunes et de leurs familles se réalise sans autre mandat que celui général d’accueil confié aux centres et aux travailleurs sociaux hors murs (voir à ce sujet le Référentiel opérationnel du travail social hors murs FASe).
Prépondérance des liens relationnels
Dans une logique de prévention, cette notion de libre choix est particulièrement importante. Pour obtenir des résultats, il s’agit de développer des stratégies incitatives mais non coercitives.
Pour les professionnels, la libre adhésion implique une posture qui tend vers l’ouverture. De ce point de vue, les règles, les normes et les valeurs de l’institution du lieu d’accueil ou d’animation ne doivent pas faire oublier la prépondérance des liens relationnels.
Participation
L’action de la FASe se construit de bas en haut. Les animateurs socioculturels visent à faire émerger la participation. C’est une tâche menée quotidiennement.
Au sein de la FASe, le mot participation indique la volonté de construire des actions à partir des besoins et des choix des publics concernés.
Il s’agit de réaliser des activités avec des personnes, des groupes, et non pas à leur place. Les travailleurs sociaux s’efforcent de soutenir les groupes, les communautés, dans la réalisation de leurs propres projets.
Les outils de la participation sont multiples:
- Réunion de début de journée dans un camp ou un centre aéré
- Mise en place d’organes de démocratie participative, tels les assemblées d’habitant·es ou les conseils consultatifs
- Création des groupes bénévoles dans le cadre d’organisation d’événements
Susciter la création d’associations
Le terme anglais d’ «empowerment» – littéralement donner de la force – convient bien pour expliquer cette posture. L’expression d’idées et de projets de la part de jeunes est favorisée par les équipes FASe. Ce travail peut aller jusqu’au soutien à la création, par des jeunes, d’associations leur permettant de gérer leur actions de manière indépendante.
Les associations nées de ce travail d’accompagnement de l’animation socioculturelle permettent d’assurer une existence officielle à ces groupes vis-à-vis des autorités. Elle leur apporte de la visibilité et une pérennité, au-delà du projet fourni par les personnes ayant œuvré pour leur création.
Valorisation du sens critique
Une partie du travail de l’animation socioculturelle tient de l’éducation. Favoriser la découverte de son propre arbitre appartient à cette tâche menée par les travailleurs sociaux de la FASe.
Une valeur complémentaire à celle de la participation est celle de la valorisation du sens critique des personnes, et celui des jeunes en particulier.
Dès son plus jeune âge, l’enfant accueilli dans des dispositifs de la FASe est encouragé à lire le monde qui l’entoure de façon critique. Analyser, prendre du recul, faire des choix, ne pas se laisser influencer sont autant d’éléments utiles dans des contextes tels que la prise de psychotropes ou la gestion des nouveaux médias électroniques. La FASe veille à ce travail d’information.
De façon générale, la prévention d’une situation sociale se développe en faisant appel au sens critique des populations ou des communautés concernées par une thématique qui émerge dans un quartier.
Accès à la culture
Les 47 centres et les 13 équipes de travail social hors murs de la FASe contribuent à l’offre culturelle dans les quartiers et communes. L’idée est de favoriser la participation de la population à ces activités.
L’accès à la culture est un enjeu déterminant de l’animation socioculturelle. Il s’agit de permettre à des personnes ou à des groupes d’accéder à l’offre culturelle, mais aussi de leur offrir la possibilité d’y contribuer.
La FASe valorise certaines formes de culture dites minoritaires. C’est ainsi que les cultures urbaines – rap, skate, par exemple – font l’objet d’encouragements. La présentation au public de cultures nouvelles peut permettre de diminuer des représentations négatives qui peuvent être projetées sur des groupes ou leurs pratiques.
La culture est un complément indispensable de l’action socio-éducative et l’accès à celle-ci permet aussi de lutter contre la précarité.
En effet, dans une logique de prévention, la culture permet de:
- renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté,
- favoriser la communication et l’expression des personnes ou groupes,
- valoriser la diversité,
- limiter l’isolement de groupes ou de personnes.
Egalité des chances
La FASe favorise la création du lien social. Ce travail est l’un des moyens de lutter contre la précarité. Des programmes spécifiques sont mis en place pour aider des jeunes «décrocheurs».
Quelles que soient ses origines sociales et culturelles, chaque enfant, adolescent·e et jeune adulte doit pouvoir accéder à la formation et aux différents dispositifs d’aide existants dans le canton de Genève.
La FASe s’engage pour favoriser cette logique d’égalité des chances, dont le principe est inscrit dans la Loi relative à la politique de cohésion sociale en milieu urbain votée à Genève en 2012. Cette loi implique de favoriser spécifiquement l’accès aux ressources pour les personnes les plus défavorisées.
Le travail réalisé dans les quartiers et les communes par la FASe pour favoriser le lien social est essentiel pour lutter contre la précarité, qui n’est pas uniquement un fait économique. Cet effort pour et avec les habitant·es d’une région a un impact positif sur le sentiment d’appartenance des personnes à un groupe, une communauté, un quartier.
Contre le décrochage
Les centres de la FASe – maisons de quartier, centres de loisirs, jardins Robinson et terrains d’aventures – et les équipes de travail social hors murs sont notamment attentifs au décrochage scolaire ou professionnel.
Ils mettent en place des dispositifs spécifiques pour éviter une rupture des jeunes avec leur environnement. Des petits jobs peuvent être proposés. Ils offrent aux jeunes un espace structurant. Ce cadre leur permet de se confronter à des exigences et à un rythme, nécessaires à tout travail. Les jobs fournissent un petit apport financier.
La lutte contre les inégalités fait partie de l’ADN de la FASe depuis sa création, même si la Fondation a peu d’impact direct sur les conditions économiques de la population.
Confiance
Le travail d’animation socioculturelle repose sur un contrat de confiance avec les individus. Ce principe implique d’offrir une liberté aux acteurs et actrices de tout projet élaboré dans un quartier ou une commune.
La base du travail d’animation socioculturelle est de donner du pouvoir au collectif. Un rapport de confiance avec les acteurs – habitant·es, associations, partenaires – participe à la construction de cette capacité à agir des groupes et des personnes.
S’appuyer sur la confiance des acteurs nécessite de savoir lâcher prise. Un résultat différent de celui attendu est préférable à l’obtention à tout prix d’un résultat contrôlé par les seul·es professionnel·les. Le bénéfice de cette approche est un véritable partage de responsabilité où l’intelligence collective est mise à contribution. La réussite comme les difficultés rencontrées durant un projet sont également partagées. Elles profitent à une évolution collective des objectifs et des réalisations.
L’expérience des animateurs et animatrices de la FASe montre:
- que fixer à un groupe des objectifs trop rigides peut constituer un facteur de découragement pour ce dernier,
- que la résolution unilatérale de problématiques par une équipe FASe seule, sans la participation active des premiers concernés, n’apporte aucune solution durable,
- qu’à travers la confiance qui lui est accordée, la force du groupe réside dans sa capacité à trouver des solutions particulières et parfois inédites.
Bienveillance
La posture de bienveillance vis-à-vis des acteurs est centrale dans l’animation socioculturelle. Elle implique une approche valorisante des personnes.
La bienveillance permet de créer un cadre favorable aux échanges. Elle s’appuie sur une approche et une communication indulgentes, ce qui n’exclut pas de l’exigence. Un comportement peut être jugé inadéquat, mais l’animateur ou l’animatrice s’abstient en tout cas de juger la personne.
Les travailleurs sociaux de la FASe évitent de prendre une position haute. Ils recherchent dans la relation une expérience basée sur l’éthique plus que sur une morale pré-construite qui peut mener à une confrontation des valeurs.
Les centres FASe des quartiers et des communes permettent aux usagers d’expérimenter différentes manières d’être dans un cadre – physique, affectif – sécurisant.
Découvrir ses compétences sociales et relationnelles
Durant les moments d’accueil libre par exemple, dédiés en général aux enfants et aux adolescent·es, les animateurs et animatrices partent de l’idée que chaque individu est à la recherche de compétences relationnelles et sociales. Celles-ci permettent à chacun et chacune de créer un lien positif avec les autres.
Valorisation
L’approche des personnes et des groupes en animation socioculturelle est valorisante. Elle s’appuie sur les compétences et vise à permettre leur développement.
Dans les 47 centres FASe, et dans le cadre des autres actions menées par la Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle, la dynamique de travail est fondée sur la valorisation de l’apport des individus au sein du collectif. Les travailleurs sociaux abordent les groupes et les personnes avec le souci de mettre en valeur leurs potentiels et leurs ressources.
Cette posture renforce les compétences sociales des participant·es. Elle permet d’élever les facteurs de protection des personnes ou des groupes, contribuant ainsi à une meilleure prévention générale de la rupture sociale.
Cette attitude nécessite notamment:
- une foi en les possibilités de changement et dans le potentiel de l’Autre,
- de viser un travail sur le long terme,
- de baser son analyse sur des éléments positifs pour élever le niveau de confiance des individus,
- de s’abstenir de nuire.
Diagnostic
Établir un diagnostic
Voici les points de vigilance à vérifier avant de lancer un programme de prévention.
Les travailleurs sociaux de la FASe sont régulièrement interpellés pour agir face à des thématiques sociales. Les points à observer avant toute action peuvent être résumés comme suit:
- Établir un diagnostic sur des éléments objectifs, sur des faits et pas seulement sur des impressions
- Identifier la provenance de la demande, par exemple: évaluer les demandes du public au sujet d’une problématique récurrente
- Quelle sont les attentes vis-à-vis des intervenants sociaux ? Existe-t-il une marge de manœuvre pour développer une action de prévention selon les valeurs de l’animation?
- Tenir compte des représentations autour du phénomène décrit comme étant problématique
- Évaluer le contexte politique. La thématique est-elle à l’agenda politique, fédéral, cantonal ou communal?
- Analyser le contexte médiatique. Les médias abordent-ils le sujet? Si c’est le cas, le traitement médiatique du problème est-il susceptible de favoriser ou au contraire de freiner le développement d’une action?
- Analyser la faisabilité financière
Analyse de la demande
Les problématiques rencontrées par les équipes d’animation de la FASe peuvent déclencher des mises en garde. Des besoins sont aussi exprimés par des acteurs locaux. Toute action de prévention part d’une analyse de la demande.
Les animateurs et animatrices socioculturelles et travailleurs sociaux hors murs de la FASe sont sollicités activement ou passivement à travers des demandes du public en matière de prévention des exclusions et des tensions sociales. Il peut s’agir de nouveaux phénomènes sociaux, comme par exemple l’arrivée dans une maison de quartier d’un nouveau groupe qui pose à la collectivité locale un défi d’intégration.
Les demandes exprimées par le public dans les quartiers et les communes sont de plusieurs ordres:
- inquiétudes, attentes ou pression sociale vis-à-vis d’une problématique,
- attentes basées sur des valeurs morales, des jugements, etc.,
- demandes issues de la sphère politique, médiatique,
- besoins exprimés par des personnes en situation de vulnérabilité.
Les équipes des centres FASe doivent analyser plusieurs éléments:
- la demande est-elle objectivable?
- quel est le niveau de risque d’une situation observée?
- le contexte général d’une action de prévention est-il favorable?
- les professionnel·les ont-ils/elles les moyens d’offrir à la population cible un environnement favorable (symbolique et matériel) pour rompre la logique de vulnérabilité qui a été repérée?
Évaluer un risque est déjà une action
Le dialogue avec le ou les publics concernés et avec tous les partenaires locaux ou cantonaux doit permettre d’identifier la nature du risque. Ces échanges informent aussi les professionnel·les sur la nécessité et la faisabilité d’un projet de prévention.
La réflexion qui est engagée et les liens qu’elle instaure vont renforcer le sentiment de lien et de proximité entre les acteurs, créant ainsi un environnement favorable. Cette plus-value est dégagée y compris sans qu’un projet soit finalement réalisé.
Population cible d’une action de prévention
Face à une thématique qui a été détectée, se pose la question de la population cible. S’agit-il d’un groupe, d’une communauté locale? Des liens existent-ils déjà? Comment ces personnes peuvent-elles participer à un projet de prévention?
Un problème dans le quartier ou la commune a fait l’objet d’observations et de discussions de la part des travailleurs sociaux et au sein du réseau. La population ou les groupes concernés par ces problèmes, ou qui vivent une situation de vulnérabilité, sont-ils bien définis? La réponse va déboucher sur la définition d’une population cible.
Les questions qui se posent aux animateurs et animatrices sont les suivantes:
- les personnes ou groupes concernés sont-ils connus de la maison de quartier, du jardin Robinson, du terrain d’aventures ou des équipes de travail social hors murs?
- s’agit-il d’un ou de groupes constitués, informels, ou plutôt d’individus isolés?
- la problématique repérée représente-t-elle un enjeu pour eux ou pour leur entourage également?
Travailler avec les personnes cibles
Les éléments d’information récoltés en amont vont influencer la manière d’interagir avec les personnes identifiées comme appartenant à la population cible. Un lien de confiance créé durant différentes activités – dans un centre ou dans le cadre du travail social hors murs – peut s’avérer déterminant dans la mise en place d’une activité de prévention avec et pour ces personnes. L’accueil libre dans les centres de la FASe constitue un moment privilégié pour entretenir ces contacts.
L’animation socioculturelle part du principe que les destinataires de toute action doivent être complètement partie prenante à son déroulement. Chacun·e participe dès le début à la définition des problèmes qui le/la concernent et si possible à des pistes visant leur résolution.
Les acteurs de la prévention
Les travailleurs sociaux de la FASe définissent les acteurs impliqués directement et indirectement dans une thématique. Ceux-ci seront au cœur du projet de prévention.
Face à une question émergente, les travailleurs sociaux passent en revue la situation de l’ensemble des acteurs impliqués. Ils analysent leur rôle dans le contexte jugé à risques. Ils évaluent la place que ces acteurs pourraient occuper dans la prise en compte et le travail de résolution d’une thématique.
Cette analyse permet de s’appuyer sur des forces déjà existantes. Elle sert aussi à éviter des impairs, comme par exemple l’oubli d’un acteur important dans la conception d’un projet. Il est ainsi nécessaire de savoir faire appel aux ressources extérieures existantes.
Les travailleurs sociaux:
- mettent en place des partenariats,
- inscrivent leurs démarches au sein des différents réseaux,
- assument une posture de médiation entre les acteurs, par exemple entre les jeunes et les autorités communales.
Les acteurs dans un quartier ou une commune sont notamment:
- les enfants et/ou les jeunes concernés par une problématique,
- les familles des jeunes,
- le voisinage,
- l’association du centre et le réseau de la FASe,
- le réseau associatif local et cantonal,
- les acteurs locaux du social (institutions et dispositifs),
- les dispositifs cantonaux,
- les autorités politiques.
Faisabilité politique
L’analyse d’un projet de prévention passe par une revue du contexte politique. Il s’agit de déterminer les chances qu’une action soit soutenue par des élus.
Le lancement d’un projet et sa faisabilité dépendent dans une large mesure du contexte politique entourant la thématique. Les différents acteurs politiques, culturels, institutionnels, sociaux, religieux, sont-ils susceptibles d’appuyer une initiative menée par des professionnels dans les centres? Ou au contraire, une majorité risque-t-elle de freiner les efforts en vue d’un projet, voire de le faire capoter? C’est une question centrale.
Quels points vérifier et quels appuis rechercher?
- La thématique de prévention envisagée possède-t-elle a priori des chances de rencontrer un soutien politique au niveau local, communal, cantonal?
- La problématique figure-t- elle à l’agenda de plusieurs partis ou de politiques?
- La thématique fait-elle l’objet d’une forte polarisation entre les différents partis politiques?
Plus fondamentalement:
- Quelles sont les forces en présence susceptibles de porter ou de freiner le projet? Pourquoi le feraient-elles? Dans quelle optique?
- L’équipe a-t-elle toute la latitude pour mettre en place son projet, dans le respect des textes qui fondent son travail?
L’analyse de ces questions peut servir à moduler le projet, dans son agenda, sa forme, dans sa portée.
Faisabilité financière et ressources
Le mode de financement d’un projet de prévention fait partie de l’équation de tout projet de prévention.
La prévention fait partie intégrante du travail quotidien en animation socioculturelle. Cependant, selon l’action à développer, le budget de fonctionnement ordinaire ne suffira pas.
Un appui externe peut être recherché auprès:
- Des communes concernées par un projet
- Des fondations nationales ou cantonales. Par exemple Promotion santé suisse, la fondation Hans Wilsdorf, la Loterie romande
- Des sponsors locaux, publics ou privés
La force des bénévoles:
Des soutiens d’autres types peuvent faire l’objet de recherches. Un projet peut bénéficier d’appuis de personnes bénévoles, c’est le cas régulièrement dans des projets locaux des centres FASe. Le prêt de salles ou de savoir-faire apporté par des experts peut aussi contribuer au développement d’un projet.
Contexte médiatique
Le lancement d’une initiative en matière de prévention peut bénéficier d’une couverture positive par la presse ou subir un accueil critique. Les liens avec les médias se construisent en amont.
Le lancement d’une action de prévention peut comprendre la question de sa couverture médiatique. L’analyse de la presse donne des indications sur le niveau de couverture ou d’intérêt des médias sur une thématique. Si cet intérêt existe, il peut être favorable au décollage du projet.
Une communication proactive et le développement d’une relation de confiance avec des représentant·es des médias sont susceptibles d’améliorer les opportunités de couverture par la presse. Ces liens peuvent aussi porter ses fruits en cas de crise. Dans les communes, les médias locaux, les journaux communaux, sont des relais importants pour informer le public et parler d’une campagne de prévention.
Questions sur le contexte médiatique:
- La thématique qui fait l’objet d’un projet de prévention fait-elle régulièrement les titres de la presse?
- De quelle façon les médias traitent-ils ce sujet?
- L’idée en construction semble-t-elle de nature à intéresser les médias?
- Comment formuler un message pour favoriser cet intérêt?
Réactions dans un contexte difficile ou critique médiatiquement:
- L’équipe est-elle au clair sur une procédure, même simple, en cas de situation de crise médiatique? En premier lieu: qui peut s’exprimer ? À quel moment demander l’appui du comité de l’association de centre et/ou de la direction de la FASe?
- En amont, la création de liens de confiance avec des journalistes qui traitent régulièrement de l’actualité locale et de thématiques sociales permet de faciliter le passage de messages et d’informations
- Si un collaborateur ou une collaboratrice fait face à des demandes d’un ou d’une journaliste, il/elle peut le cas échéant temporiser et renvoyer le/la journaliste à la direction. S’il le souhaite, il peut demander à relire ses citations.
Les représentations
Toute action sociale doit intégrer une réflexion sur les représentations. Leur analyse en amont permet de vérifier l’adéquation d’un projet de prévention avec les besoins réels des acteurs.
Les actions en animation socioculturelle reposent sur un ensemble de valeurs et de pratiques. Cela implique la nécessité pour les professionnel·les d’analyser les représentations qui sont à l’œuvre chez eux, ainsi qu’au sein de la population.
Le partage de points de vue entre collègues ainsi que le recours à des références textes et métiers offrent un socle commun. Ils permettent de penser une action hors de ses seules références et expériences personnelles.
Les représentations sont notamment:
- Les jugements moraux, les stéréotypes, les préjugés
- La stigmatisation d’une personne, d’un groupe
- Une approche centrée sur son unique culture
Connaître les représentations sociales à l’œuvre
Les représentations sociales désignent une forme de connaissance partagée par les membres d’un même ensemble. Elles sont une manière d’interpréter le monde et la vie quotidienne. La représentation sociale a aussi un aspect prescriptif qui définit ce qui est tolérable ou inacceptable.
Ces schémas aident les gens à communiquer et à agir. Les représentations engendrent donc des attitudes, des opinions et des comportements. Elles ont aussi pour fonction de situer les individus et les groupes dans le champ social.
Une connaissance qui permet d’innover
Dans le cadre de leurs interventions, les animateurs et animatrices et les travailleurs sociaux hors murs, tiennent compte des représentations qui sont à l’œuvre. Des actions bâties sans cette attention peuvent s’avérer contre-productives vis-à-vis de l’intention d’aide et de l’ouverture à autrui. Se détacher des représentations permet aussi de proposer des actions novatrices.
L’animateur ou l’animatrice a également pour fonction de confronter les enfants et jeunes par rapport aux représentations qui pourraient renforcer la stigmatisation d’autrui.
Nécessité d’un projet?
Les demandes faites aux équipes d’animation des 47 centres FASe et aux équipes hors murs peuvent parfois être pressantes. Une analyse à froid est essentielle. Elle permet de distinguer les priorités, de planifier des mesures et parfois de temporiser une demande.
Des demandes issues de l’environnement d’une maison de quartier, d’un jardin Robinson ou d’un terrain d’aventures, arrivent parfois en rafale. Les autorités politiques sont peut-être soumises à une demande pressante du public. La requête descend alors également au niveau des équipes FASe. Dans les deux cas, une action immédiate est parfois exigée.
Face à la pression, les travailleurs sociaux mettent en lumière:
- les enjeux,
- les acteurs impliqués,
- les contraintes en présence.
Avant tout action, ils sont légitimés à vérifier que la demande qui est exprimée est en accord avec les valeurs de la FASe et leur déontologie professionnelle. Les documents de référence de l’animation socioculturelle peuvent servir de socle dans cette analyse.
Face à une demande en vue d’une réponse immédiate les équipes peuvent légitimement:
- Temporiser, aider le demandeur à analyser sa propre demande et à construire le problème
- Replacer la problématique idoine dans un contexte plus large
- Rappeler à l’interlocuteur les moyens disponibles et vérifier l’utilité d’une action dans un temps long
- Imaginer une réponse à court terme qui pourra s’intégrer à terme dans une réponse plus globale, éventuellement en lien avec d’autres projets au sein de la FASe
La réponse apportée doit en tout état de cause apporter un plus par rapport à une non-intervention. Les effets pervers qui pourraient être induits par une réponse immédiate doivent faire l’objet d’une évaluation. Celle-ci peut-être restituée au demandeur pour faire évoluer l’analyse liminaire.
Check-list
Le lancement d’un projet répond à une situation complexe. Il vise à opérer un changement. Voici des questions de base permettant de vérifier la pertinence d’un programme.
Un projet se différencie d’une simple action. Il vise à rendre possible un changement de situation pour des personnes dans un cadre de vie donné – avec l’aide de partenaires.
Quelques questions-clés à l’orée de tout projet:
- Une analyse de la demande a-t-elle été faite et objectivée?
- Quelle est la place des représentations de chaque acteur dans le processus?
- La problématique idoine et le projet ont-ils été élaborés avec les personnes concernées?
- La vision qui porte le projet résulte-t-elle d’une concertation au sujet de ce qui doit changer et dans quelles limites?
- Le travail comprend-il une participation large des partenaires?
- Le contexte général du projet est-il pleinement connu et favorable?
- L’équipe de projet a-t-elle pris connaissance des références sur la question en cours, par exemple d’un guide de bonnes pratiques?
- L’équipe a-t-elle vérifié si des actions semblables ont déjà été menées?
Le modèle de prévention développé par la FASe permet de situer un projet ou une thématique dans un niveau spécifique de prévention. Les questions qui se posent au sujet du niveau de prévention ou d’action sont notamment les suivantes:
- S’agit-il d’améliorer les ressources et compétences d’un groupe ou d’un collectif dans un lieu de vie?
- Face à une situation de risque, un dialogue doit-il être engagé pour définir un niveau de risque acceptable?
- Un travail de prévention doit-il être effectué pour renforcer des facteurs de protection ou au contraire diminuer des facteurs de risque?
- Une situation de vulnérabilité nouvelle a-t-elle été repérée? Doit-elle être replacée et comprise dans un contexte plus général?
- Face à un risque déclaré et identifié, une action doit-elle être entreprise rapidement pour réduire ces facteurs?
- Faut-il accompagner des personnes vulnérables individuellement?
- S’agit-il d’intégrer l’action envisagée dans une politique d’action menée au niveau local ou cantonal?
Action et analyse
Passer à l’action et analyser le travail en cours
Ce chapitre aborde les différents niveaux de prévention mis en œuvre dans les actions de la FASe. Il propose un modèle permettant de situer le travail de prévention.
Chaque jour, les animateurs socioculturels et travailleurs sociaux hors murs de la FASe, épaulés par des assistants socio-éducatifs et des moniteurs, proposent des activités que l’on peut classer dans les grandes catégories suivantes:
- Accueil libre, tous publics, ou par catégories d’âge
- Accompagnement individuel
- Offre de cours et d’ateliers
- Présence mobile dans les quartiers et les communes
- Actions culturelles et collectives (spectacles, expositions, fêtes, marchés, débats, repas communautaires, sports, locaux en gestion accompagnée…)
- Centres aérés, journées aérées, camps et sorties
Ces activités représentent autant d’opportunités de favoriser la prévention et d’opérer au besoin un travail de repérage des risques. Durant ces moments, les équipes d’animation de la FASe sont attentives aux enfants, aux jeunes et à tout le public qui fréquente les centres. Elles analysent des situations où des personnes ou des groupes sont confrontés à des difficultés ou qui traversent un moment de vulnérabilité.
Les points d’attention concernent une large palette de situations:
- Difficultés de scolarité ou formation
- Accès difficile à l’emploi
- Problèmes de logement
- Problèmes de santé physique ou psychique
- Problèmes relationnels
- Isolement social, précarité
- Obstacles culturels, sociaux, politiques
L’approche collective est complétée le cas échéant par des interventions individualisées. Elle prend en compte la globalité des facteurs de risques, mais peut se décliner selon des thématiques spécifiques.
Les cinq niveaux de la prévention
Les actions de prévention peuvent être classées schématiquement en cinq niveaux. La FASe a développé un modèle de prévention pour aider les travailleurs sociaux à se repérer.
Les travailleurs sociaux – animateurs, travailleurs sociaux hors murs – déploient dans les quartiers et communes du canton de Genève des actions qui recouvrent plusieurs niveaux de prévention des problématiques sociales.
1. Promotion générale du bien-être social et de la santé
Le socle du travail de l’animation socioculturelle est la promotion de la qualité de la vie et de la santé. Il s’agit de créer un cadre favorable à ce bien vivre et de valoriser les compétences des habitant·es.
2. Dialogue et information autour d’une thématique
Une problématique sociale a été mise en évidence. Les centres FASe établissent un cadre d’intervention et offrent de l’information au public. Un dialogue est établi avec les personnes ou les groupes concernés. Il permet de développer des compétences sociales et individuelles face à la problématique. Ce processus renforce les facteurs de protection. Il permet d’identifier les risques susceptibles d’aggraver la problématique.
3. Repérage précoce – attention portée aux personnes et groupes vulnérables
Face à un risque désigné, les travailleurs sociaux sont particulièrement attentifs aux groupes et aux individus les plus vulnérables. Les enfants, adolescent·es et jeunes adultes font l’objet d’une attention élevée. Elle vise à permettre chez eux une détection rapide de problèmes émergents.
4. Intervention précoce – problème émergent
Le repérage précoce et l’identification des enjeux débouchent sur une stratégie coordonnée entre les partenaires, élaborée avec le concours des personnes concernées.
5. Réduction des risques – problème avéré
La réduction des risques intervient pour limiter ou contenir les effets d’un problème déclaré. L’approche se déploie au niveau individuel, collectif ou communautaire. L’intervention peut s’appuyer sur la participation de pairs.
Promotion du bien-être social et de la santé
Le socle du travail de l’animation socioculturelle est la promotion de la qualité de la vie et de la santé. Les actions visent à améliorer les facteurs qui déterminent cet état d’équilibre.
Dans les 47 centres de la FASe et à travers l’action des équipes de travail social hors murs, un travail de fond est développé en lien avec les groupes, communautés, individus qui composent les quartiers. Ces gestes visent à favoriser une bonne qualité de vie globale.
Les animateurs et animatrices travaillent sur des actions qui renforcent les facteurs qui se révèlent positifs pour la santé au sens large du terme. Ils et elles favorisent un environnement et un climat social propices au bien-être social.
Les facteurs déterminants de la santé globale sont notamment:
- La qualité du logement
- La qualité de l’environnement urbain
- L’accès au travail, à une formation
- L’accès à des lieux de rencontre dans le quartier
- L’accès à des services sociaux, scolaires, sanitaires, etc.
Intégrer et rendre autonome
Le travail d’animation vise notamment à accompagner les personnes dans leur intégration à un groupe ou un quartier. Il vise à favoriser l’autonomie de chacun et chacune. Lorsque le cadre n’est pas favorable, la faculté et la possibilité des groupes ou citoyen·nes d’interpeller les autorités est renforcée. L’animation vise aussi à appuyer une collectivité dans sa capacité à accueillir l’Autre. Elle soutient l’intégration des minorités et se mobilise contre les différentes formes de marginalisation et de stigmatisation.
La prévention à travers le dialogue
Les centres FASe apportent aux jeunes et aux autres habitant·es un cadre propice au développement des compétences sociales. Face à un problème identifié, ce dialogue favorisera une réponse adéquate.
Face à des thématiques présentes dans la société telles que:
- abus de substances psychotropes,
- abus des nouvelles technologies,
- alimentation déséquilibrée,
- radicalisation,
- homophobie,
les équipes d’animation suscitent le dialogue avec les populations rencontrées. L’objectif est de favoriser la prise en considération des problèmes par les groupes et individus eux-mêmes. Le travail de prévention va notamment s’appuyer sur les pairs. Ces derniers peuvent agir comme des multiplicateurs de l’action qui est envisagée.
En amont, les différentes structures de la FASe offrent un modèle et un cadre propices pour que les individus et les groupes minoritaires ou vulnérables développent des compétences sociales. Ces compétences leur permettront de trouver leur place dans leur environnement social: quartier, commune, ville.
De leur côté, les animateurs et animatrices proposent une alternative à la famille, à l’école et aux loisirs. Le travail de prévention n’est pas forcément lié à un projet spécifique, une thématique spécifique pouvant être prise en compte dans le quotidien des activités. Par exemple, celle de la lutte contre l’homophobie.
Le repérage précoce des problématiques
Les animatrices et les animateurs de la FASe sont attentifs aux problématiques qui émergent dans leur zone de travail. Celles-ci peuvent être individuelles ou collectives.
Par repérage précoce, on entend la détection suffisamment rapide, chez les enfants et les adolescent·es, d’évolutions, de désordres et d’incidents pouvant mener à la dépendance, la violence, à l’exclusion sociale. Les risques sont aussi des troubles physiques, psychiques ou sociaux.
Le repérage au quotidien
Les équipes d’animation de la FASe observent et repèrent l’évolution des problématiques sociales dans les quartiers où ils œuvrent. Elles connaissent et reconnaissent les habitant·es dans leur vie sociale et citoyenne. Elles entendent la vision du jeune et de son environnement. Elles analysent les risques encourus par un·e ou des mineur·es.
Les travailleurs sociaux observent tout particulièrement des problèmes rencontrés par des enfants et des jeunes en situation de vulnérabilité. Ils sont attentifs à des situations d’isolement ou de violence contre des femmes. Ils s’informent au sujet d’épisodes d’alcoolisation massive par un jeune ou un groupe de jeunes, etc. Ils sont attentifs à détecter des signes annonciateurs d’une radicalisation chez des jeunes adultes.
La fonction de repérage est double:
- Repérer l’évolution de thématiques sociales émergentes
- Repérer des enfants et des jeunes en situation de vulnérabilité
Les situations observées peuvent s’exprimer à un niveau individuel, collectif (groupe) ou communautaire (quartier). Au moment de construire une réponse à des problèmes, cette expertise de la FASe est précieuse pour tout le réseau social. Le travail de prévention intégrera les demandes exprimées par les individus concernés par la problématique idoine.
L’intervention précoce
L’intervention précoce se base sur la mise en œuvre de stratégies et la mobilisation des ressources en réponse aux problèmes identifiés dans le travail de repérage précoce.
L’intervention précoce a pour objectif de fournir à temps un soutien adapté aux groupes ou aux personnes les plus vulnérables face à un risque. Cette aide doit permette d’améliorer ou du moins de stabiliser la situation grâce à l’intervention de l’entourage de la population ciblée. C’est aussi à ce niveau qu’intervient l’orientation des personnes concernées vers des structures spécialisées.
Les situations de vulnérabilité, une fois identifiées et nommées, demandent un travail de mobilisation des ressources dans la communauté et également chez les personnes concernées. Des projets ciblés peuvent être mis en place.
Lorsque ces groupes ou personnes détiennent encore des ressources pour faire face à la problématique, le travail de la FASe vise à renforcer les compétences présentes pour faire face aux situations à risques.
Réduction des risques
La prévention par la réduction des risques intervient pour limiter ou contenir les effets d’un problème déclaré. Le cas échéant elle débouche sur des actions de soutien individuel.
Lorsqu’un problème est connu est observé, la prévention peut viser à contenir les effets du risque identifié. Elle peut le cas échéant être déployée directement auprès d’individus particulièrement vulnérables dans une population cible.
Plusieurs projets de réduction des risques ont été développés au sein de la FASe en incluant des jeunes dans le dispositif.
L’animation socioculturelle est souvent impliquée dans des environnements festifs. Ces actions, qui ont prouvé leur efficacité, intègrent:
- Des interventions par des pairs
- Les organisateurs
- Des dispositifs interprofessionnels
L’esprit qui conduit ce travail doit permettre d’accueillir les personnes en difficulté tout au long de leur parcours. Il s’agit de valoriser leur participation citoyenne et de les soutenir dans leur capacité à rester intégrées.
La gestion des risques et l’accueil des craintes
La gestion des risques fait partie intégrante du travail d’animation. Les jeunes doivent pouvoir expérimenter certains comportements. Dans un quartier ou une commune les craintes font l’objet d’une écoute et d’un dialogue.
La construction de l’autonomie pour les jeunes d’un quartier ou d’une commune suppose un environnement qui permette une certaine prise de risque.
Les équipes FASe procèdent à trois actions de base:
- Identifier les facteurs de risques
- Analyser les effets de ces risques
- Définir un risque acceptable
Une négociation sur le risque acceptable a lieu avec les jeunes, leurs parents et la communauté.
Il s’agit de:
- Renforcer les facteurs de protection des individus ou des groupes
- Définir les critères d’un milieu sécurisant
Offrir un lieu pour l’expression des craintes
En outre, les animateurs socioculturels et travailleurs sociaux hors murs de la FASe, épaulés par des assistants socio-éducatifs et des moniteurs, ont aussi pour mission de favoriser un environnement capable d’accueillir des craintes des habitant·es d’un quartier ou d’une commune.
Cette ouverture permet de faciliter l’intégration de personnes ou de groupes perçus comme marginaux. La FASe soutient aussi la capacité de personnes ou de groupes à intégrer une communauté. Elle se mobilise contre le risque de marginalisation qui les menace.
Gestion
Gestion de projets en matière de prévention
Ce chapitre offre des indications de base et des références sur la gestion de projet dans le cadre du travail d’animation socioculturelle.
Un projet d’animation socioculturelle est particulier au sens où il associe dès le début les acteurs de la problématique. Ces derniers participent aussi bien à la définition du projet qu’à sa conduite.
Les pages de ce chapitre abordent plusieurs points essentiels de toute démarche visant à créer un changement dans un environnement social.
Notamment:
- La conception et le dessin d’un projet
- L’évaluation continue du projet
- Le rôle de la communication
Références sur la gestion de projet dans l’animation:
Pour le lancement d’un projet, voir «Jeunes, alcool et espaces publics. Pas à pas, construire ensemble en utilisant les repères et l’outil pour la formulation et le suivi», un document de la Fondation suisse pour la santé RADIX (2014). Voir aussi cette page de RADIX.
Dessiner un projet de prévention
Le démarrage et le développement d’un projet de prévention dans la durée ou d’une action ponctuelle comportent différentes étapes. En voici les principales.
La gestion de projet est parfois résumée à l’aide de l’acronyme SMART.
Selon cette définition, un projet devrait être à la fois Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste et Temporellement défini.
Les étapes majeures du développement d’un projet dans l’animation socioculturelle:
- Naissance et analyse de la demande
- Diagnostic, repérage des enjeux politiques, financiers et médiatiques
- Rédaction de l’idée de projet
- Mise en évidence d’expériences ou d’actions analogues déjà développées ailleurs
- Co-construction du projet avec les interlocuteurs idoines, dont les publics concernés
- Présentation du projet à tous les acteurs et au réseau
- Définition des stratégies
- Définition des objectifs (changements attendus) et des indicateurs (éléments observables)
- Définition des modalités et des méthodes d’intervention ou de développement de l’action (méthodologie)
- Évaluation continue du processus
- Vérification de la cohérence du projet avec les autres actions du centre, de la commune et de la FASe
- Identification des moyens financiers et en nature à mobiliser
- Construction d’un budget
- Planification de la recherche de fonds
Aller plus loin:
Plateforme Good-Practice, précédemment quint-essenz.ch de Promotion Santé Suisse.
Évaluation continue
La gestion d’un projet comporte en principe un système qui permet de vérifier et de corriger son bon déroulement.
En animation socioculturelle, les projets sont issus d’une construction qui intègre les acteurs proches de la problématique. L’évaluation continue intègre aussi ce principe de participation.
Pendant l’action:
- La co-construction de l’action avec les acteurs et les publics concernés continue de se dérouler durant tout le projet (participation)
- Des bilans par étapes sont planifiés dès le lancement du projet. Ils permettront aux équipes de débriefer sur les processus en cours, de réajuster les objectifs, de célébrer les succès, de valoriser la participation et de relancer la dynamique de travail
- Le projet prévoit une récolte d’informations à des moments donnés; ces données sont collectées selon les indicateurs d’évaluation choisis par l’équipe, le comité de l’association et les partenaires impliqués
- En cours de projet, les aspects facilitateurs et les freins sont mis à jour et sont compilés
- Le projet évoluant dans le temps; ainsi sa cohérence avec les autres actions du centre, de la commune, de la FASe est vérifiée
- Une communication active sur l’avancement du projet permet de créer du soutien
Analyse à l’issue du projet:
- Le projet a-t-il répondu aux attentes, à celles du public concerné, à celles des partenaires impliqués?
- Quels sont les facteurs qui ont aidé ou freiné la réussite du projet?
- Quelles structures, actions ou observations sont-elles susceptibles d’être pérennisées?
- Quelles personnes de l’équipe pourraient-elles être chargées du suivi de l’après-projet?
- Un rapport final peut clore le projet. Une synthèse, même brève, permet de partager les résultats avec le réseau. Elle valorise le travail réalisé. Elle est susceptible d’ouvrir d’autres perspectives.
Communiquer
Le développement et la gestion d’un projet de prévention peut être porté par une communication efficace.
Les réalisations en matière de prévention des équipes d’animation FASe sont innombrables. Elles peuvent le cas échéant bénéficier d’une bonne communication interne (au centre ou au sein de la FASe) ou externe.
Une bonne communication peut:
- Créer du soutien, intéresser le publics aux activités du centre, les sensibiliser à une problématique
- Valoriser le travail réalisé par les équipes de la FASe et celui de toutes les personnes et groupes participant à l’élaboration et la conduite d’un projet
- Faire œuvre de sensibilisation et de prévention
- Enclencher un processus utile à d’autres occasions, le matériel créé pouvant être réutilisé sur divers supports à d’autres moments
Les canaux de communication sont notamment:
- Les présentoirs de la maison de quartier
- Le journal de la maison de quartier ou du Jardin Robinson
- Le site internet du centre
- Les réseaux sociaux du centre (Facebook, Instagram…)
- Le journal communal
- La diffusion d’information lors de participation à des événements communaux
- Le site internet de la FASe
- La newsletter interne de la FASe (FASe Hebdo)
- Les médias
- Les sites spécialisés, dont reiso.org
Ressources
Ressources théoriques et pratiques en matière de prévention
Les pages de ce chapitre offrent un accès à des ressources théoriques. Elles mettent aussi en avant des exemples d’action de prévention.
Les pages suivantes:
- fournissent des documents théoriques en matière de prévention,
- décrivent des exemples d’actions de prévention menées par la FASe.
Les exemples d’actions sont divisés en deux sections:
- actions par public ou par thématique menées au sein des centres du canton,
- actions menées par la direction de la FASe elle-même en lien ou non avec des partenaires.
Le modèle de prévention développé par la FASe offre des exemples d’action à différents niveaux d’intervention.
Références
Documents de référence consacrés à la prévention dans l’animation socioculturelle et aux fondamentaux du métier.
Textes de référence sur l’animation:
Référentiel opérationnel du travail social hors murs FASe (2016).
Déclaration pour l’animation socioculturelle. Affirmer une continuité historique et affronter les défis actuels (octobre 2010, amendée en juin 2011). Texte rédigé par un collectif d’enseignants de la HETS Genève.
Gestion de projets:
Le site du centre national de compétences pour le développement et la mise en œuvre de mesures en santé publique Radix regroupe de nombreux exemples de gestion de projets. Il aborde également la prévention des addictions et la gestion de l’espace public (en lien avec son utilisation par des jeunes en particulier).
La démarche d’élaboration de référentiels de prévention entreprise pour le présent site entre la FASe et Radix est présentée sur son site. Elle inclut un guide méthodologique.
Pour le lancement d’un projet de prévention, voir le document Jeunes, alcool et espaces publics. Pas à pas, construire ensemble en utilisant les repères et l’outil pour la formulation et le suivi. Il s’agit d’un document élaboré par Radix. (2014).
Plateforme Good-Practice, précédemment quint-essenz.ch de Promotion Santé Suisse.
Exemples d’actions de prévention menées dans le cadre de la FASe
Les équipes de la FASe développent des projets centrés sur des thématiques spécifiques ou des publics cibles. Florilège de quelques-une de ces action.
Prévention de l’abus de substances ou des incivilités
En 2014 et 2016, la FASe a participé à une campagne d’achats-tests d’alcool avec la Fédération genevoise pour la prévention de l’alcoolisme (FEGPA).
Quelque 300 points de vente ont été visités durant l’été par sept équipes de jeunes de 14 à 17 ans. Ces derniers ont été recrutés, formés et accompagnés par des animateurs et animatrices de la FASe. Le but de cette action était de vérifier le degré d’application de la législation en matière de vente de boissons alcooliques aux personnes mineures. L’opération a aussi permis de sensibiliser des jeunes aux risques d’une consommation excessive ou régulière d’alcool ainsi qu’au respect de la loi.
Intermezz’o, est une action de réduction des risques en milieu festif menée par l’équipe TSHM de Carouge. Le message est «Fais la fête, ne la subis pas». Des jeunes formés par la FEGPA distribuent aux filles et garçons des bouteilles d’eau. Ils rappellent ainsi la nécessité de bien s’hydrater lorsque l’on boit de l’alcool. Les jeunes reçoivent aussi des cartes avec des numéros d’appel d’urgence en cas de malaise ou d’accident. Des restaurateurs de la commune s’engagent de leur coté à accepter les jeunes dans les cafés, mais sans leur servir d’alcool.
La Maison de quartier de Carouge a développé une réflexion à l’interne sur la question de la vente d’alcool dans un lieu à vocation éducative. Un catalogue de mesures été édicté à l’interne.
Lâche pas ton pote! est une action de prévention de consommation d’alcool et de drogues menée par l’équipe TSHM Chêne&Co (Chêne Bourg, Chêne-Bougeries et Cologny) en lien avec des jeunes issus de ces communes. Accompagnées de TSHM, les jeunes transmettent à leurs pairs qui font la fête des messages de prévention en matière de santé publique et de réduction des risques. Ils les invitent aussi à respecter les espaces publics. Cette campagne a été mise en place en 2012 suite à l’utilisation d’un parc de Chêne-Bougeries pour l’organisation de botellóns.
Lute contre le racisme
La participation de maisons de quartier de la FASe à la Semaine contre le racisme constitue une forme de prévention. Cette opération, menée avec et par des bénévoles, participe à la déconstruction de préjugés xénophobes. Le lien est mis sur la rencontre entre différentes communautés. Des intervenants apportent leur expérience de vie ou leurs connaissances théoriques. Ils offrent aux participants des outils de réflexion leur permettant d’aiguiser leur sens critique en matière d’interculturalité.
Promotion d’une alimentation saine et du mouvement
La Direction générale de la santé du Canton a initié la mise en place d’ateliers de cuisine auprès des enfants des centres FASe. L’objectif de l’opération Cuisinez malin a été de promouvoir une nourriture saine et équilibrée et prenant en compte les aspects environnementaux.
Des livrets de recettes originales ont été publiés à partir des ateliers réalisés dans les centres à cette occasion.
Cette campagne a été prolongée pour la période 2013-2016 sous la dénomination Marchez et mangez malin, avec des financements spécifiques dont ont pu bénéficier des centres et équipes TSHM FASe.
Actions spécifiques menées par la FASe
En plus des actions menées par les centres et les équipes de travail social hors murs, le Secrétariat général de la FASe pilote différents projets complémentaires. Deux exemples sont mentionnés ci-dessous:
- Le Service de l’accueil de l’enseignement secondaire II (ACCESS II) est une structure de transition à mi-temps destinée aux jeunes migrant·es de 15 à 19 ans récemment arrivé·es à Genève. Les élèves y restent de quelques semaines à quelques mois avant de s’insérer dans les filières scolaires ou professionnelles existantes. Outre des cours de français et de mathématiques, les jeunes participent deux fois par semaine à des activités socio-éducatives sous la responsabilité d’une équipe d’animation. L’objectif principal est de contribuer à leur intégration dans le tissu social genevois. Ce projet se réalise à la demande du DIP.
- La Grève Nautique propose chaque été à Versoix des animations aux 11-17 ans. Cet accueil permet aux jeunes de passer des vacances dans un cadre accueillant. La possibilité est offerte de s’adonner à des sports nautiques.
Retrouvez tous les projets spécifiques sur le site de la FASe.
Modèle de prévention
Les différents niveaux d’intervention
Le Modèle de prévention FASe permet de situer à quel niveau de prévention une équipe d’animation socioculturelle agit. Chaque case renvoie à un exemple.
Promotion générale du bien-être social et de la santé
Le socle du travail de l’animation-socioculturelle est la promotion de la qualité de la vie et de la santé. Il s’agit de créer un cadre favorable à ce bien vivre et de valoriser les compétences des habitant-e-s.
Action au niveau de l'individu
Action au niveau d’un collectif
Action au niveau d’une communauté
Exemple. Un centre FASe propose aux enfants qui fréquentent la maison de quartier des sorties dans la nature. C’est un moment privilégié pour parler de l’environnement et du tri, pour favoriser la qualité de la vie et le développement durable. Les enfants peuvent poser des questions sur ces sujets. Grâce au lien de confiance qui existe, le message peut se construire entre l’adulte et l’enfant. Chacun est susceptible de s’inspirer de ce qui est échangé.
Exemple. En réunissant de façon hebdomadaire des groupes d’ainés pour un repas, la FASe propose un moment d’échange à des personnes dont certaines se trouvent peut-être soumises à un risque d’isolement. Cette rencontre renforce la capacité des personnes à s’apporter une aide réciproque, ce qui est aussi valorisant. Le travail réalisé en cuisine favorise aussi une alimentation saine et économiquement abordable. L’opération est susceptible de favoriser une meilleure façon de se nourrir chez soi.
Exemple. Le centre de loisirs du quartier propose aux enfants et adultes de participer à un jardin potager. Des repas sont organisés avec les aliments produits localement. Chaque mois, des représentants d’une communauté du quartier préparent un repas typique de leur pays d’origine avec les légumes du potager. Une petite présentation culturelle précède ce moment de repas. Les liens crées à cette occasion participent de la cohésion sociale du quartier.
Dialogue et information autour d’une thématique
Une problématique sociale a été mise en évidence. Les centres FASe établissent un cadre d’intervention et offrent de l’information au public. Un dialogue est établi avec les personnes ou les groupes concernés. Il permet de développer des compétences sociales et individuelles face à la problématique. Ce processus renforce les facteurs de protection. Il permet d’identifier les risques susceptibles d'aggraver la problématique.
Action au niveau de l’individu
Action au niveau d’un collectif
Action au niveau d’une communauté
Exemple. Le centre FASe du quartier participe à un programme d’information intitulé Vivre ensemble et se respecter. Il traite de sexualité et des rapports de genre. Des ateliers collectifs sont proposés, qui permettent de favoriser l’expression de la parole. Les échanges traitent de certains tabous, des stéréotypes existant dans les rapports hommes-femmes ou encore de la question des violences faites aux femmes. Dans ce cadre, une jeune adolescente se confie à une animatrice. Elle indique avoir été abusée sexuellement. Les animateurs du lieu reprennent cette situation en lien avec le responsable de la gestion du suivi des situations complexes, qui est rattaché au secrétariat général de la FASe. Une stratégie est mise en place pour aider cette jeune fille.
Exemple. Grâce à l’impulsion d’un centre de prévention et de traitement du suicide chez les jeunes, un atelier est mis en place dans un centre de la FASe. Celui-ci permet d’évoquer les situations de prise de risques. Il favorise la parole des adolescents et met en évidence les signaux d’avertissement à prendre en considération chez leurs amis et proches. L’action peut contribuer à renforcer la prévention du suicide chez les jeunes.
Exemple. Dans la campagne, une série d’actes de violence ont eu lieu entre deux bandes de jeunes rivales, issues de deux communes différentes. La répétition de ces actes inquiète les TSHM de la région. Des discussions sont lancées auprès des jeunes impliqués dans ces rixes. Elles permettent de mettre en évidence les fausses idées et le manque de connaissance mutuelle qui peuvent exister entre ces bandes. Elles favorisent une réflexion sur ce qui peut générer ces tensions et violences. Les échanges permettent également d’aborder les conséquences graves qui peuvent découler des violences, tant au niveau de la santé et que du droit. Certains jeunes ont l’idée d’organiser un tournoi de foot permettant une autre forme de rencontre et les TSHM se proposent de faire le lien pour que ce tournoi puisse être organisé. Les autorités communales sont sollicitées pour soutenir cette initiative destinée à favoriser un mieux vivre ensemble à l’échelle de la région. Les tensions, nées de croyances erronées, baissent grâce à ce travail.
Repérage précoce – attention portée aux personnes et groupes vulnérables
Face à un risque désigné, les travailleurs sociaux sont particulièrement attentifs aux groupes et aux individus les plus vulnérables. Les enfants, adolescents et jeunes adultes font l’objet d’une attention élevée. Elle vise à permettre chez eux une détection rapide de problèmes émergeants;
Action au niveau de l’individu
Action au niveau d’un collectif
Action au niveau d’une communauté
Exemple. Un enfant qui fréquente le centre de loisirs (CL) de la commune arrive toujours seul aux moments d’accueil libre organisés durant l’été dans un parc. Son attitude, sa solitude, inquiètent les animateurs-trices du CL, sans pour autant laisser présager un danger imminent pour son intégrité physique ou psychique. Il s’avère que cet enfant provient d’un groupe d’immeubles où vit une population notoirement défavorisée. Il repart souvent au-delà de l’heure que l’on pourrait envisager pour un enfant de cet âge. Une attention particulière lui est portée. Les animateurs proposent à l’enfant d’inviter ses parents à venir découvrir les activités organisées dans le parc, or ceux-ci ne se présentent pas.
Les animateurs décident alors de redoubler d’attention. Ils se réservent la possibilité de prendre contact avec l’infirmière scolaire à la rentrée, voire de signaler cette situation auprès d’un service idoine, communal ou cantonal.
Exemple. Un groupe de jeunes adultes qui se réunit à proximité d’une maison de quartier a été entendu évoquer régulièrement le plan d’un départ en Syrie. Le désir de partir semble avéré chez certains d’entre-deux. Les services officiels compétents ont été informés et consultés au sujet de cette éventualité. Une action de médiation, qui s’appuie sur des méthodes déjà éprouvées ailleurs en Suisse est mise en œuvre avec l’appui du réseau. Il s’agit en particulier de rester en contact avec ce groupe, d’évaluer les risques d’un départ et, le cas échéant, de dissuader un tel événement. Ce travail est réalisé avec l’appui du réseau de quartier et des familles proches de ces jeunes.
Exemple. Il est apparu lors de moments d’accueil libre dans une Maison de quartier que des adolescents se montraient des vidéos sur leur téléphone portable. Publiées sur de réseaux sociaux, celles-ci comportaient des images choquantes et dégradantes de relations sexuelles impliquant notamment une jeune fille connue des animateurs. Afin d’éviter ou de limiter les effets néfastes de ces visionnements sur le comportement des jeunes, les moniteurs et animateurs ont proposé un atelier sur les rapports de genre et sur la violence sexuelle. Avec son accord, ils ont également signalé le cas de la jeune fille au responsable du suivi des situations complexes de la FASe. L’idée est de lui proposer un accompagnement personnalisé pour l’aider dans cette situation délicate. Une mobilisation large concernant le sexting est par ailleurs mise en place au niveau cantonal par les différents partenaires impliqués auprès de la jeunesse.
Intervention précoce - problème émergent
Le repérage précoce et l’identification des enjeux débouchent sur une stratégie coordonnée entre les partenaires, élaborées avec le concours des personnes concernées.
Action au niveau de l’individu
Action au niveau d’un collectif
Action au niveau d’une communauté
Exemple. Des discussions avec un jeune adulte en contact avec des travailleurs sociaux hors murs (TSHM), ont permis de mettre en évidence chez lui de premières expériences de consommation d’héroïne. Elles ont eu lieu avec des amis déjà consommateurs, connus d’eux. Un soutien régulier est proposé à ce jeune. Il reçoit des informations sur les lieux où il pourrait, le cas échéant, échanger des seringues, et trouver un appui social et sanitaire. Par ailleurs, les animateurs-trices et TSHM du quartier, qui ont mis en place une séance d’information sur les abus de psychotropes redoublent d’attention au sujet d’autres jeunes en difficulté dans le quartier. Le risque d’un effet boule de neige n’est pas négligé.
Exemple. Un groupe d’aînés se rencontre chaque semaine à la MQ pour des activités communes. Les discussions engagées avec des membres de ce groupe par des animateurs-trices montrent que la situation économique de plusieurs de ces personnes âgées est dégradée. Un des problèmes est lié à la honte ressentie de demander de l’aide, en l’occurrence des prestations complémentaires. La MQ propose à des membres de ce groupe de préparer une séance d’information sur l’accès et le droit à ces prestations. Contactée, une association de défenses des aînés délègue un de ses membres qui connaît parfaitement cette question, ainsi que les démarches à suivre pour accéder à ces prestations. La présence de pairs dans cette rencontre rassure les personnes touchées par cette situation de précarité. Le dialogue ainsi créé brise un tabou au sein de ce groupe.
Exemple. Des migrants arrivés récemment en Suisse fréquentent la maison de quartier de la commune. Il s’avère que leur niveau scolaire au pays est faible et qu’ils ne maîtrisent pas les bases de leur propre langue. Ce manque prétérite leur accès à un travail. Cette situation les enferme dans un cycle d’ennui et de lassitude et dans certains cas sur des conduites d’abus d’alcool. La MQ, qui a développé des liens avec des représentant-e-s de cette communauté, lance une alerte. Une discussion est entamée avec ces jeunes par le biais de «sages». Elles abordent notamment les risques liées à l’abus d’alcool. Cette libération de la parole à travers cette communauté permet aussi de diminuer le sentiment d’isolement.
Réduction des risques - problème avéré
La réduction des risques intervient pour limiter ou contenir les effets d’un problème déclaré. L’approche se déploie au niveau individuel, collectif ou communautaire. L’intervention peut s’appuyer sur la participation de pairs.
Action au niveau de l’individu
Action au niveau d’un collectif
Action au niveau d’une communauté
Exemple. Un enfant confie à un animateur socioculturel ses difficultés scolaires. Il n’a aucun plaisir à aller à l’école et ne se sent pas capable de suivre le programme. La discussion montre qu’il a une très mauvaise estime de lui-même. Des contacts sont pris avec ses parents et un intervenant de l’école afin que cette situation soit prise en compte. Une stratégie concertée est mise en place. Les animateurs-trices du centre de loisirs concerné veilleront à permettre à cet enfant de se sentir valorisé à travers les actions proposées.
Exemple. Le local en gestion accompagnée mis en place dans la commune par les travailleurs sociaux hors murs (TSHM) de la FASe a subi récemment une série de dégradations. Les jeunes qui fréquentent les lieux s’en renvoient la responsabilité. Derrière ces gestes, apparaît un problème de consommation excessive de psychotropes, notamment de cannabis et d’alcool. En fait, les jeunes qui ont dérapé cumulent les facteurs de risques. Ils se trouvent en situation de décrochage scolaire et de rupture familiale. Ce groupe en difficulté est suivi attentivement par les TSHM, qui tiennent compte de ces différents aspects. Comme c’est le cas dans d’autres régions de Genève, les TSHM proposent à ces jeunes une série de petits jobs avec le soutien du service social de la commune. Ces missions sont destinées à les aider à reprendre un rythme de vie. Les moments partagés durant ces petits jobs permettent en outre d’aborder et de mieux comprendre les soucis rencontrés par ces jeunes.
Exemple. La présence d’un groupe de jeunes faisant un usage conséquent d’alcool et d’autres psychotropes sur l’espace public encourage une commune à adopter un concept d’intervention précoce avec la participation active des centres FASe et l’équipe locale des travailleurs sociaux hors murs. Le concept développé prévoit notamment les mesures à observer lors de la mise en place d’événements festifs sur le territoire communal. Il offre un socle commun à tous les acteurs engagés dans la prévention. Des jeunes de ce groupe y sont associés dans le cadre d’un programme de prévention par les pairs. En soirée, ils distribuent des bouteilles d’eau et des cartes avec des numéros d’appel d’urgence.
L'animation socioculturelle soutient toujours deux dynamiques, qui forment le socle de cette pyramide:
soutenir la capacité de personnes ou de groupes à intégrer une communauté. Donc gérer les risques qui touchent ces groupes ou personnes et prévenir leur marginalisation.
Par exemple. Un groupe de jeunes du quartier, dont une partie se trouve en situation de décrochage scolaire, importune les habitants de la commune en se réunissant chaque soir dans le préau de l'école primaire. Des habitants en colère appellent incessamment la police. Un groupe d'adultes menace d'intervenir directement pour faire cesser le tapage. Les animateurs de la maison de quartier et les TSHM connaissent la plupart de ces jeunes. Un des problèmes relevés est leur absence de perspective au niveau du travail et un sentiment d’ennui. Les habitants sont invités à une rencontre avec ces jeunes. Il s’agit de faire connaître la situation des deux parties et de chercher ensemble des pistes d’amélioration. La commune accepte de procurer des petits jobs à des jeunes. L'idée de créer un local en gestion accompagnée avec le soutien des TSHM du quartier est lancée.
soutenir la capacité d'une communauté à intégrer des groupes ou des individus risquant d'être marginalisés. Donc gérer les craintes d'une population vis-à-vis de personnes pour éviter leur stigmatisation.
Par exemple. Un centre pour requérants d'asile va ouvrir dans un quartier. La FASe va participer à la création et la diffusion d'informations sur ce changement au niveau local. Elle le fera en lien avec l'Hospice général et des associations. Cette action est réalisée en suscitant la collaboration d'anciens migrants, déjà en lien avec la maison de quartier. Un groupe d’habitants qui s'intéresse au projet propose de cuisiner un repas d'accueil pour les nouveaux arrivants. L'équipe d'animation du centre de loisirs les aide à organiser ce moment convivial.